Quand l'hiver vous ne pouvez pas penser à autre chose qu'à vos prochaines navigations, c'est le moment de revenir sur les meilleures haltes que vous avez pu faire. Je vais donc essayer de vous donner mon choix. Il est bien sûr d'autant plus discutable que nous ne nous sommes pas arrêtés partout ! Si ce ne sont pas toujours les plus belles, en revanche, elles ont toutes quelques choses qui les rendent singulières !
Camariñas (Espagne)
Mon port préféré, c'est Camariñas, sur la côte de la mort... Rien que ce nom devrait donner l'envie de surseoir à cette escale.
Il n'est pas le plus cosy, d'abord parce que son activité principale étant la pêche, son activité ne s'arrête que très rarement, en tout cas pas à la tombée de la nuit. Mais ce n'est pas vraiment une gêne pour cette escale.
Nous pouvons considérer que Camariñas est un port plutôt rustique (les sanitaires sont "juste comme il faut"). En revanche, il est très bien protégé des forts vents d'ouest. Puis, lorsque l'on regarde à l'est à partir des pontons, la mer calme et la vue sur les forêts est très dépaysante.
L'accès, sans être difficile, nécessite un peu d'attention puisque situées au débouché de la baie, se trouvent en mer les roches de Quebrantas : il faut par sécurité les arrondir par le sud. Une fois dans la baie, en virant à gauche, la pointe de Villoeira aplatit la mer. Les bateaux trouvent alors refuge derrière la longue digue du port.
Avec une ambiance un peu "bout du monde", nous avons eu un accueil très sympathique et chaleureux. Le bureau du port, qui se résume à sa plus simple expression, sis dans une cabane en bois, est très disponible et arrangeant. Quant au responsable du yacht club, il nous a même loué une voiture pour une somme modique pour nous rendre à Saint-Jacques de Compostelle.
A noter qu’à la sortie des pannes se trouve le restaurant du YC : très bien !!
Au sud de la baie se trouve la ville et le port de Muxia. Nous ne nous y sommes pas arrêtés. Il s'y trouve pourtant une très belle chapelle qui témoigne que ce port est a été un débarcadère pour les pèlerins en route pour Saint-Jacques. En effet, au moyen âge, le chemin de Saint-Jacques se faisait aussi par la mer. Il était, parait-il, plus sûr que par la terre car sur l’itinéraire pédestre. Le risque était plus grand de faire face aux coupeurs de routes et bandits de grands chemins que d'affronter la tempête du golfe de Gascogne ! Cela dit, je ne sais pas trop où se trouvait le curseur...
Queensway Quay (Gibraltar - UK)
Très différent du port précédent... D'abord, il faut franchir le détroit de Gibraltar. Pas compliqué mais il faut compter à la fois sur le courant (toujours) et le vent (souvent). L'un contre l'autre peut donner des routes curieuses avec une mer désagréable. Il ne vaut donc pas la peine de trop lutter contre les éléments, heureusement, de part et d'autre du détroit, il y a des ports "d'attente" (coté Atlantique Barbate, côté Méditerranée Fuengirola, mais pas que).
Queensway Quay a pour lui d'être très bien abrité, au centre de la petite ville charmante britannique. La place n’est pas chère et l’équipe de port est très accueillante et aidante.
En revanche, il faut s'y prendre tôt pour réserver car le port semble souvent au bord de la saturation et par ailleurs, nous n'avons eu l'autorisation que d'y rester 3 jours, le temps d'installer l'Hydrovane sur le voilier précédent. Je me suis demandé si cette limitation n'était liée au fit que nous soyons des des "grenouilles". Pas sûr du tout. En fait si nous avions un peu débordé, nous n’aurions pas été mis dehors. Mais quand-même ! Il y a une saine pression pour limiter la durée du séjour. Enfin, il convient de noter que la consommation d'eau et d’électricité se paie en plus de l'anneau.
Pour terminer, il faut noter que le port est fermé la nuit par une chaîne (de 20h00 à 08h00) et que le chenal d'entrée fait un coude à droite. La passe est assez étroite, elle permet de pouvoir échanger avec le capitaine du port en entrant dans le bassin !
La vie qui se développe autour du port est très agréable, hormis les courses qui nécessitent soit de marché longuement, soit de prendre le bus pour se rendre à la première grande surface (Momsons - 1 Westside Road) dans laquelle on y trouve de tout.
L'ascension du Rocher est un incontournable (sa descente aussi ! nous l'avons fait à pied - sans regret, même pour un cavalier). L'accueil par les singes n'est pas très surprenant puisque c'est partie de la légende. En tout cas c'est amusant de voir ces animaux dans des postures humaines qu'ils adoptent parfois. Last, but not the least, la vue vers la baie est tout simplement époustouflante, celle vers le Maroc également, notamment quand le pied des montagnes sont dans la brumes et qu'émergent les sommets. Il est vraiment à deux encablures de Gib.
Habile transition... A propos de Maroc, nous avons profité d'une journée d'attente lors de la livraison de l'Hydrovane pour aller à Tanger depuis Tarifa. Autre ambiance, mais vraiment incontournable ! Un NGV assure la traversée du détroit. A Tanger, la vieille ville vaut vraiment le coup d’œil : les rues étroites cachent des trésors. Dans la Kasbah, Matisse avait fort bien choisi le lieu lui ayant inspiré la fameuse toile "Vue sur la baie de Tanger". Et pour finir, le point de vue depuis la ville haute est sensationnel. Mais attention à la traversée retour : car il peut y avoir la cohue au ferry lorsque l'on entre dans la période de retour en Europe des Marocains en fin de vacances... il faut alors savoir se débrouiller...
Pour terminer, cette escale est intéressante pour trois autres raisons :
- L'accastillage est hors taxe...
- l'ambiance britannique reste fort agréable chez nos cousins.
- Malgré le prix plutôt prohibitif, l'aéroport permet de rejoindre directement Heathrow. Nous y avons eu recours une fois. Pour la suivante, nous avons transité par Malaga (beaucoup moins cher mais beaucoup plus long car nécessitant de prendre un bus qui dépose à la Linea. Alors, pedibus cum jambis, il faut traverser la frontière et revenir à Queensway Quay...)
Mais quel bonheur lorsqu'on la compare à la marina d'Alcaidesa, à la fois chère, impersonnelle et hors de Gibraltar (il faut passer la frontière et ses bouchons pour se rendre sur le rocher). Je la déconseille.
Dahouet (France)
Entre Saint-Brieuc et Pléneuf-Val André, dans les Côtes du Nord. Une entrée étroite, difficile à trouver, praticable 2h30 avant et après la pleine mer pour un tirant d'eau d'1,5 m si vous voulez entrer dans le bassin à flot.
Il faut avoir un bateau manœuvrant sinon pas trop long, car le bassin est un peu exigu passé les 12 - 13 m.
Une fois amarré, le coin est vraiment très sympa avec de bons petits restaurants sur le quai dit "des Terre-Neuvas", car ce port avait cette orientation.
Bien sûr la météo n'est pas aussi clémente que dans le sud. Mais il faut se garder de tout excès la Corogne n'est pas connue pour être aussi ensoleillée et paisible que la Riviera !
El Puerto de Santa Maria (Espagne - Andalousie)
Vous souhaitez une halte hors du temps ? Refaire le plein en bouteilles de Jerez (Sherry pour nos amis britanniques) ? Vous qui avez été expatrié en Afrique, voulez-vous en avoir encore un peu l'ambiance et l'odeur ? C'est à El Puerto de Santa Maria que vous trouverez tout cela.
Le Club nautique royal est assez rustique. Il me rappelle quelques maquis d'Afrique. L'escale donne cette impression un peu démodée : les installations sont en train de se délabrer doucement, mais le bar et le restaurant aux couleurs vives blanches et bleues et les odeurs coloniales sont fort sympathiques. Enfin, le personnel est très serviable et à l'accueil parle très bien français. Par ailleurs, petit luxe au fond du golfe de Cadiz, les plages sont à moins de 10 mn à pied.
Les aspects désagréables sont liés, une fois de plus à l'activité de pêche. Il y a sur la rive opposée au Club nautique une usine de traitement. Elle est assez bruyante la nuit et par ailleurs, un éclairage blanc très fort peut être désagréable.
Et pour finir... il y a les moustiques... Seule la fatigue permet de les oublier.
Une fois les quais quittés, la visite de la ville est très plaisante. En effet, même si les entrepôts ne font pas vraiment vibrer, en revanche, la vieille ville est charmante, avec une mention spéciale pour l'église Mayor Prioral et le château de San Marcos.
Pour terminer, et c'est un point fort, la gare qui se trouve à 15 mn à pied permet de rejoindre Séville.
Nous y retournerons !
Sancti Petri (Espagne - Andalousie)
Pour y accéder, il convient de laisser sur bâbord l’îlot éponyme puis de le contourner. Le guide écrit que par mer formée l'entrée peut être difficile. Nous n'en doutons pas, d'autant que le chenal est très étroit avec des fonds avec des enrochements remontant très vite de part et d'autre des marques. Par ailleurs, l'accès ne peut raisonnablement se faire qu'à marée montante car le courant est notable.
Une fois la pointe de Las Piedras doublée, le plan d'eau devient parfaitement calme malgré les risées. La marée montante nous mène directement vers le petit port mi-plaisance mi-pécheur avec la possibilité soit de prendre un poste à quai (longueur maxi. 12m), soit, aidé par un marinero, de s'amarrer sur une des bouées indiquées (elles sont affectées en fonction de la taille du voilier). Certes, elles sont payantes... mais elles garantissent de ne pas déraper car le courant peut être assez fort à mi-marée (parfois plus de 3 nœuds).
Imray souligne qu'il existe un mouillage forain au nord du port et des bouées. Nous n'y sommes pas allés car il est si loin qu'il est plus simple de prendre l'une des nombreuses bouées
L'escale à terre est dépaysante, là encore, dans une ambiance un peu démodée. Mais c'est très sympathique. La rive intérieure du bras dénommé "batterie Urrutia"abrite un plage très agréable. Mais attention à la marée pour les annexes !
En définitive c'est une escale très agréable avant de franchir Trafalgar et de se lancer vers le détroit. Si d'aventure la mer devient difficile, il reste toujours la possibilité de stopper à Barbate. Mais là... nous sommes au degré zéro de l'accueil.
Gelves (Espagne)
Voilà un petit port qui se mérite. Il est vrai que les eaux boueuses du Guadalquivir ne poussent pas à classer ce port parmi les endroits les plus charmants. Avant tout, il se gagne par le temps qu'il faut pour l'atteindre. En effet, depuis l'embouchure du fleuve de Chipiona, il faut une marée pour rejoindre Séville. La remontée est un peu longue mais j'ai aimé cette croisière hors du temps. J'ai aimé le levé du jour sur le Guadalquivir. J'ai aimé le silence de la remontée. J'ai aimé entendre le vent faire frissonner les feuilles des arbres bordant la rivière. J'ai aimé croiser les bateaux de pêches avec leurs apparaux dépassant très largement de chaque côté. Et j'ai aimé voir les oiseaux sur les rives ainsi que les chevaux et les ânes hébétés par la chaleur cherchant l'ombre des petits arbres.
Pourtant, ce n'est pas du tout sur ces critères que j'ai choisi de mettre à l'honneur Gelves, port que je ne suis plus du tout sûr de pouvoir atteindre avec Sea You.
En effet, à l'arrivée, à quelques centaines de mètres en aval du port, un fil électrique traverse le fleuve à une hauteur inférieure au mât du Sun Odyssey. Le jour venu, je ferai quand-même un calcul de marée pourvoir si à BM on peut malgré tout passer.
Alors quelle est la raison de ce succès ?
Convenons au préalable que ce petit port rivalise en rusticité avec El Puerto de Santa Maria. La partie sanitaire mérite un petit coup de fraîcheur.
Mais le port est agréable. La langue Française n'y est employée qu'avec beaucoup de parcimonie. Les échanges se font pour nous en anglais. Le service est sérieux, effectué par une équipe d'une disponibilité remarquable à la capitainerie. Je me souviens d'un jour où nous sommes arrivés de nuit sous une pluie diluvienne sur le bateau qui était stocké à terre. Sachant notre venue, le personnel avait mis en place une échelle pour que nous n'ayons pas à en chercher une à notre arrivée. Délicate attention !
Je veux aussi mentionner l'équipage Jorge - Alfredo, les deux piliers du petit chantier qui nous a installé le portique et le panneau solaire sur Syrakko, ou encore le bar à Tapas où nous avons fini par avoir nos habitudes, notre cantine, malgré le peu de connaissance de la langue espagnole. "Uno vaso de bino blanco, seco" est devenu la phrase à maîtriser pour pouvoir s'hydrater.
Côté terrestre, la petite bourgade de Gelves est typique de la région. Elle est bâtie à flanc de coteau du Guadalquivir et se trouve surplombée par une très jolie petite église avec un retable à découvrir. Nous avons été également touché par la dévotion des fidèles.
En ville, il y a à la fois des petits commerces qui permettent d'avitailler, ainsi que des restaurants d'une qualité inégale.
Enfin, nous sommes à deux pas de Séville et... au mois de mai c'est époustouflant. La Feria donne aux Andalous l'occasion de sortir en ville magnifiquement parés, à pied, à cheval et avec des attelages avec de magnifiques.
Enfin, de Séville, nous sommes qu'à une heure de Cordoue et d'autres lieux magnifiques de la campagne andalouse. Le bonheur !
S'il est une étape à ne pas manquer, c'est incontestablement Séville !
Lézardrieux (France)
Et que diriez-vous de ce port sur le Trieux ? Plus que le port ou le bourg, c'est l'arrivée par les chenaux longeant Bréhat et la remontée de la rivière vers Pontrieux qui ont emporté mon adhésion.
Le port est accessible en permanence mais il faut bien prendre en compte le courant dans le Trieux pour les manœuvres. Il peut aller jusqu’à 3,5 nœuds. Quant à l’accueil, lorsque vous tombez sur l’équipe de Yann Burlot, vous avez tout gagné : professionnalisme, rigueur et… sourire. Yann était avant le maître de port de Pontrieux. Il est maintenant celui de Lézardrieux et de Binic. Mais en plus nous avons une fraternité d'armes qui nous unit. C'est assez rare pour le signaler.
Dans le port se trouvent deux accastilleurs. Nous avions un relai à changer, nous avons pu le faire après avoir farfouillé dans un tiroir plein de relais de l’une des deux échoppes.
Le village historique se trouve sur les hauteurs. La petite église est mignonne. Les restaurants ne sont pas renversants.
L'un des points forts consiste en la remontée de la rivière. C'est calme, même lorsque la tempête souffle aux bouches du Trieux. C'est joli et très agréable… nous voulions remonter la rivière jusqu'à Pontrieux avec Sea You pour s’y amarrer, mais le port nous a informé que les fonds n’ayant pas et été dragués, il n'était pas en mesure de nous accueillir. Nous nous sommes alors lancés sur le Trieux avec l'annexe. Si le trafic sur le cours d’eau ne peut pas être qualifié de dense (nous n’avons croisé que deux petites embarcations…), la promenade est champêtre, agréable dans un calme absolu. Elle nous mène jusqu’au château de la Roche-Jagu. Très dépaysant.
Camaret (France)
La raison de faire figurer cette escale parmi le Top 8 est dû probablement au fait que je suis né à Brest… Camaret est une jolie escale, notamment en raison de la configuration de la grande digue sur laquelle sont en train de mourir quelques vieux chalutiers en bois… quand j’étais enfant, il y avait encore des chantiers de marine qui les construisaient sur la presqu’île de Crozon. Nous en en avions visité un avec mon père. Je crois que le patron ou l’un des charpentiers de marine était passé entre ses mains. Je me souviens du travail de cet ouvrier sur les membrures de ces coques en bois en construction.
Sur cette digue se trouve tout au bout la petit chapelle de Notre-Dame de Rocamadour avec ses voiliers suspendus dans les sous-pentes et la tour Vauban (voire photo).
Camaret est une halte bien située pour franchir le raz de Sein dans le bon créneau...
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